Imaginons que nous soyons en 4900 avant notre ère.
Pas de routes, pas de maisons en pierre, pas de smartphones, pas d'Internet. Juste le ciel et nous. Et là, dans un petit village du centre de l'Allemagne, la première grande réalisation : une gigantesque tranchée circulaire qui permet à l'humanité de déchiffrer la course du soleil. Le Observatoire solaire de Goseck. Vieux de presque 7000 ans et toujours plein de secrets.
Nous avons un faible pour les histoires dans lesquelles les gens rendent l'impossible possible - et Goseck est l'une de ces histoires. A l'époque, les paysans vivaient ici et étaient loin d'être incultes. Ils savaient que lorsque les jours raccourcissaient et que le froid arrivait, il fallait être prêt. Mais que faire si tu n'as pas d'horloge, pas de calendrier qui te dise quand est ce jour ? Tu construis une installation, orientée avec une telle précision que tu ne fais pas que sentir, mais que tu vois le jour le plus court de l'année : le solstice d'hiver.
Et qu'est-ce qui rend Goseck si spécial ? C'est le plus ancien observatoire que nous connaissons, et il a été construit avec une telle précision qu'il est difficile de le croire.
C'est par une chaude journée d'été en 1991 que l'archéologue aérien Otto Braasch remarque quelque chose d'étrange lors d'un vol au-dessus de Goseck : une coloration circulaire du sol, si régulière qu'elle ne peut guère être le fruit du hasard. Quelques années plus tard, les fouilles commencent et, petit à petit, l'histoire de ce lieu incroyable est révélée. Les archéologues trouvent des fossés, des remparts, des anneaux de palissade. Tout est disposé de telle manière qu'à l'époque déjà, on ne pouvait que s'émerveiller : ici, les hommes avaient "retenu le ciel".
Mais les trouvailles racontent encore autre chose. Des os de bovins, soigneusement travaillés, et dans trois fosses : des os humains. Des sacrifices étaient-ils faits ici ? Y avait-il des rituels que nous pouvons à peine imaginer aujourd'hui ? Ce ne serait pas la première fois dans l'histoire que l'union du ciel et de l'homme exige un sombre prix. Peut-être que Goseck n'était pas seulement un lieu d'observation du ciel, mais aussi un endroit où les premiers paysans demandaient à leurs dieux de les aider à maîtriser les cycles de la nature.
2005 - La reconstruction du site est terminée, les portes sont alignées comme elles l'étaient il y a 7000 ans. Nous pourrions passer à travers, sentir le soleil se lever au solstice d'hiver et pousser la porte sud-est. Sauf que nous ne sommes pas là au solstice d'été, mais un jour d'été très chaud. La précision avec laquelle cette installation fonctionne impressionne encore aujourd'hui. Et nous, qui sommes habitués à mesurer le temps en chiffres et en minutes, nous restons là à sentir la force brute de la nature qui nous rappelle ses lois.
Goseck n'est pas seulement une sensation archéologique, il fait aussi partie de l'histoire de l'humanité. "Les chemins du ciel". Un itinéraire touristique qui te mènera à travers les découvertes les plus anciennes et les plus fascinantes de la région. Le disque céleste de Nebra, ce chef-d'œuvre en bronze avec la plus ancienne représentation du cosmos, est une autre étape de ce voyage. Mais Goseck reste un lieu particulièrement mystique. Peut-être parce que c'était plus qu'un simple observatoire. Peut-être parce que nous sentons ici que l'homme, même sans la technologie et les outils modernes, avait un lien profond avec le ciel, ce que nous avons souvent perdu aujourd'hui.
Nous nous tenons là, le soleil frappant au-dessus de nous, et nous nous demandons : comment ont-ils pu faire ça ? Comment ont-ils pu comprendre des phénomènes aussi complexes avec des moyens aussi simples ? Et pourtant, la réponse est simple : ils ont regardé. Ils ont observé ce qui compte vraiment. Le ciel, le soleil, la vie.
Et nous restons là, la bouche ouverte et les yeux écarquillés, tandis que le drone revient en vrombissant. Les photos clignotent sur le smartphone, et avant même de nous en rendre compte, nous planifions déjà la prochaine étape sur notre téléphone. La Thuringe, la Saxe, la Bavière - tout cela n'est qu'à quelques clics. Gerd a depuis longtemps les yeux rivés sur l'application, vérifie de manière routinière le réservoir de gaz, jette un coup d'œil rapide sur l'indicateur solaire. Tout est sous contrôle, tout est numérique, comme nous le sommes. L'idée de faire tout cela sans ces petits assistants semble soudain être un vestige d'une autre époque, d'un monde que nous pourrions à peine comprendre.
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